Perspectives du portefeuille

Résister aux chocs

Un solide mouvement de repli des actifs risqués est engagé, alimenté par la crainte du coût économique lié aux épidémies de coronavirus et aux mesures de confinement. L'impact risque d'être brutal et profond, sans pour autant ressembler à la situation de 2008 dans la mesure où l'économie et, surtout, le système financier, reposent sur des bases plus solides. Notre avis est néanmoins subordonné à la mise en place d'une politique budgétaire et monétaire globale, ambitieuse et coordonnée. Dans cet article, qui préfigure l'analyse périodique et détaillée des hypothèses relatives aux marchés des capitaux (Capital Market Assumptions, CMA) que nous réaliserons dans les prochaines semaines, nous expliquons pourquoi nous préconisons un accroissement de l'exposition aux actifs risqués au détriment des obligations d'État dans les portefeuilles stratégiques.

Risque de perte en capital. La valeur des investissements et le revenu en découlant peuvent évoluer à la baisse comme à la hausse et ne sont pas garantis. Les investisseurs ne sont dès lors pas assurés de récupérer leur investissement initial.

Les marchés mondiaux ont rapidement intégré de sombres perspectives dans les cours, ce qui contraste fortement avec la vision relativement optimiste du monde qui prévalait en début d'année. L'impact de l'épidémie de coronavirus risque d'être brutal et profond. La situation ne devrait pas pour autant ressembler à celle de 2008 dans la mesure où l'économie et, surtout, le système financier, reposent cette fois-ci sur des bases plus solides. Notre avis est néanmoins subordonné à la prise de mesures politiques préventives, globales et ambitieuses. Dans notre article intitulé « Time to go direct », nous avons souligné la nécessité d'un effort concerté et décisif entre politique budgétaire et monétaire. La clé du succès résidera dans la mise en place de politiques atténuant les tensions, assouplissant les conditions financières et évitant aux ménages et aux petites entreprises d'être confrontés à des problèmes de liquidité ou de trésorerie. Des signes croissants de ce type de programmes de relance commencent à émerger, comme le plan budgétaire américain de 2 000 milliards de dollars* associé aux mesures extraordinaires de la Réserve fédérale visant à amortir l'impact de la crise du coronavirus. Ces mesures ouvrent la voie à une reprise à terme selon nous, mais les incertitudes macroéconomiques restent élevées.

*Tous les montants sont exprimés en dollar US. Source : Maison-Blanche et législateurs Démocrates, mars 2020.

Nous avons également réexaminé le rôle défensif joué traditionnellement par les obligations d'État au sein des portefeuilles, ce qui illustre notre volonté de dépasser les simples observations historiques. Nous avons orienté notre exposition aux obligations d'État dans les portefeuilles stratégiques vers les titres américains et chinois au détriment de leur homologues à faible rendement de la zone euro et du Japon. Pourquoi ? Parce que nous avons pensé que les obligations d'État des marchés affichant des taux d'intérêt proches des niveaux planchers seraient moins à même de jouer un rôle défensif lors des mouvements de ventes massives sur les marchés d'actions dans la mesure où les corrélations négatives historiques entre actions et obligations pouvaient disparaître. Voir le graphique ci-dessus. Les obligations d'État américaines ont une fois de plus fait la preuve de leurs solides propriétés défensives par rapport à leurs homologues à faible rendement, comme le montre le graphique ci-dessous. Cela étant, leurs avantages en matière de diversification ont eux-mêmes commencé à être remis en question lors des pires journées de la crise, leurs cours chutant en même temps que ceux des actions.

Nos points de vue stratégiques

Quel est l’impact sur notre AAS hypothétique ? Le graphique simplifié ci-dessous le montre. Dans le premier, nous utilisons les CMA réévaluées pour tenir compte des mouvements récents des prix des actifs (tableau de gauche ci-dessous). Dans le second, nous ajoutons l'impact du scénario économique alternatif que nous avons exposé précédemment et prenons pour hypothèse un plancher de rendement se situant dans la fourchette des performances potentielles que nous envisageons pour les obligations (tableau de droite ci-dessous). Nous pensons qu'il est important de capter l'asymétrie des performances des obligations d'État lorsque les rendements sont nettement inférieurs et que la corrélation négative habituelle entre actions et obligations disparaît. Ces deux analyses éclairent nos points de vue stratégiques.

Quantification de l'impact des événements de marché sur les préférences en matière d'actifs stratégiques
Modification potentielle de l'allocation d'actifs d'un portefeuille hypothétique suivant différentes hypothèses, mars 2020

Quantification de l'impact des événements de marché sur les préférences en matière d'actifs stratégiques

Les estimations prévisionnelles sont susceptibles de ne pas se concrétiser. Les indices s'entendent hors frais. Il n’est pas possible d’investir directement dans un indice.
Sources : BlackRock Investment Institute, mars 2020. Notes : les tableaux montrent les changements de préférence potentiels par rapport à l'allocation d'actifs hypothétique entre actions et obligations établie avant la crise du coronavirus. Nous utilisons les séries de CMA alternatives présentées plus haut pour définir ces préférences. Le tableau de gauche montre l'évolution des préférences consécutive aux fluctuations des cours entre le 31 décembre 2019 et le 10 mars 2020. Le tableau de droite montre l'évolution des préférences consécutive aux fluctuations des cours et dans l'hypothèse d'une persistance des effets de la crise économique et du choc sur les marchés depuis le début de l'année, ce qui donne lieu à un scénario alternatif à moyen terme. Les détails du scénario alternatif sont présentés à la page suivante et dans l'annexe à la page 7. Les indices représentatifs sont cités dans l'annexe. Le « crédit de qualité inférieure à la catégorie Investment Grade » fait référence aux obligations mondiales à haut rendement et à la dette des marchés émergents. Les actions mondiales comprennent les actions des marchés développés et des marchés émergents.

Philipp Hildebrand
Philipp Hildebrand
Vice Chairman, BlackRock
Jean Boivin
Jean Boivin
Head of BlackRock Investment Institute
Anthony Chan
Portfolio Research – BlackRock Investment Institute
Natalie Gill
Portfolio Research - BlackRock Investment Institute
Paul Henderson
Portfolio Research – BlackRock Investment Institute
Christian Olinger
Portfolio Strategist - BlackRock Investment Institute
Vivek Paul
Vivek Paul
Senior Portfolio Strategist, BlackRock Investment Institute